René Char

(1907-1988)

« Dans nos ténèbres, il n’y a pas une place pour la beauté.
Toute la place est pour la beauté ».
FUREUR ET MYSTERE

J’ai entendu quelques aphorismes de René Char dont je ne comprenais pas forcément le sens mais qui remuait une forme de sensibilité en moi …

J’ai donc lu ce poète et réalisé un spectacle sur cet auteur qui a été un guide.

Voici quelques citations qui furent des moteurs de mon action :

« Sommeille, ne dors pas.
Dehors, la nuit est gouvernée
Les rêves sont immobilisés. »
Le bâton de rosier

« Pourquoi ce chemin plutôt que cet autre ? Où mène-t-il pour nous solliciter si fort ? Quels arbres et quels amis sont vivants derrière l’horizon de ces pierres, dans le lointain miracle de la chaleur ? Nous sommes venus jusqu’ici car là où nous étions ce n’était plus possible. On nous tourmentait et on allait nous asservir. Le monde, de nos jours, est hostile aux Transparents. Une fois de plus, il a fallu partir… Et ce chemin, qui ressemblait à un long squelette, nous a conduits à un pays qui n’avait que son souffle pour escalader l’avenir.
Comment montrer, sans les trahir, les choses simples dessinées entre le crépuscule et le ciel ? 
Par la vertu de la vie obstinée, dans la boucle du Temps artiste, entre la mort et la beauté » –
Le bâton de rosier – 1949

« Comment vivre sans inconnu devant soi ?
Les hommes d’aujourd’hui veulent que le poème soit à l’image de leur vie, faite de si peu d’égards, de si peu d’espace et brûlée d’intolérance.
Parce qu’il ne leur est plus loisible d’agir suprêmement, dans cette préoccupation fatale de se détruire par son semblable, parce que leur inerte richesse les freine et les enchaîne, les hommes d’aujourd’hui, l’instinct affaibli, perdent, tout en se gardant vivants, jusqu’à la poussière de leur nom.
Né de l’appel du devenir et de l’angoisse de la rétention, le poème, s’élevant de son puits de boue et d’étoiles, témoignera presque silencieusement, qu’il n’était rien en lui qui n’existât vraiment ailleurs, dans ce rebelle et solitaire monde des contradictions. »

« Il nous faut apprendre à vivre sans linceul, à replacer à hauteur, à élargir le trottoir des villes, à fasciner la tentation, à pousser la parole nouvelle au premier rang pour en consolider l’évidence. Ce n’est pas un assaut que nous soutenons, c’est bien davantage »

« Hâte-toi
Hâte-toi de transmettre
Ta part de merveilleux de rébellion de bienfaisance »
En trente-trois morceaux – 1956

« On ne se bat bien que pour les causes qu’on modèle soi-même et avec lesquelles on se brûle en s’identifiant. »

« Le poème est l’amour réalisé du désir demeuré désir. »
XXX – Seuls demeurent – Partage formel

« La lucidité est la blessure la plus rapprochée du soleil. »
Feuillets d’Hypnos

« Vie qui ne peut ni ne veut plier sa voile, vie que les vents ramènent fourbue à la glu du rivage, toujours prête cependant à s’élancer par-dessus l’hébétude, vie de moins en moins garnie, de moins en moins patiente, désigne-moi ma part si tant est qu’elle existe, ma part justifiée dans le destin commun au centre duquel ma singularité fait tache mais retient l’amalgame. »
Feuillets d’Hypnos

« Qui n’a pas rêvé, en flânant sur le boulevard des villes, d’un monde qui, au lieu de commencer avec la parole, débuterait avec les intentions ? »

« La poésie est la solitude sans distance parmi l’affairement de tous, c’est-à-dire une solitude qui a le moyen de se confier »

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