un espace virtuel pour loger des écrits

©photo Aaris Deshayes

La cavale du temps

entre fini et infini
entre dicible et indicible
entre matière et conscience
entre nuit et aurore
entre chien et loup
je me faufile en m’effaçant

telle Pandore ou Pénélope
je tisse une toile
pour conjurer le temps
et broder des étoiles
îlots de lumière
où se posent les vents

telles Érato et Polymnie
je fusionne visions et rêves
pour retenir une trace
d’un invisible présent
dans la beauté visible
de l’univers mouvant

Christian Bobin – Un livre inutile ….
« Car personne n’est poète. Personne n’est là pour donner des poèmes comme l’enfant donne son sourire ou comme l’arbre donne ses fruits. Personne n’est « poète » parce que ce serait là sa nature – son infirmité ou sa grâce. La poésie seule existe. Elle existe comme les champs, comme la neige, comme les saisons.
Mais personne ne « fait » de la poésie, pas plus que personne ne vous offre les giboulées de mars ou les neiges de décembre.
La poésie c’est la vie limpide quand elle entre en nous pour prendre connaissance d’elle-même, d’une connaissance aérienne, subtile, semblable à celle que la mère a de l’enfant, ou l’amant de l’aimée : un sourire plus qu’un savoir. Un silence plus qu’une parole.
L
a poésie n’est rien que la fragilité de cet état de conscience,
l’éveil en nous de la pureté qui est bien plus que nous.
Elle ne vient pas de l’élégance d’une écriture,

mais de la transparence d’une vie. »